Nous avons eu la chance d'obtenir beaucoup d'embryons à chacune des ponctions : 7 embryons pour la 1ère, 14 embryons pour la 2nde.
Ils ont tous été congelés, car j'ai fait à chaque ponction une hyperstimulation ovarienne, contre-indication sérieuse au transfert d'embryon lors du cycle de stimulation.
Nos embryons ont été congelés à 48 heures de développement, entre 2 et 8 cellules selon les embryons. Les embryons congelés sont cryoconservés pour des tentatives ultérieures, que l'on appelle TEC : transfert d'embryon congelé. Ils sont congelés en paillettes d'un ou 2 embryons et sont plongés dans une cuve d'azote liquide à une température de -196°C. Ils peuvent rester congelés jusqu'à 5 ans, limite légale de conservation des embryons. Lors d'une nouvelle tentative d'obtention d'une grossesse, on doit impérativement utiliser les embryons surnuméraires congelés avant de pouvoir faire une nouvelle FIV.
Tous les ans, le couple reçoit un questionnaire, sorte de QCM, dans lequel on lui demande de décider de l'avenir de ses embryons congelés. Le couple a le choix entre :
- poursuivre son projet parental pour un TEC ultérieur
- renoncer à son projet parental et détruire les embryons
- renoncer à son projet parental et faire don (anonyme) des embryons à un couple stérile
- renoncer à son projet parental et faire don des embryons pour la recherche médicale
Tant que l'on désire un enfant, la réponse au QCM est évidente : on les conserve pour s'en servir plus tard... Ca a toujours été notre cas jusqu'à maintenant.
Mais je me demande déjà ce que nous répondrons au QCM s'il nous reste des embryons le jour où nous renoncerons à faire un autre enfant... La réponse n'est pas si évidente !
Elle est même complexe. Jusqu'il y a peu, je me disais qu'il était généreux de les donner à un couple stérile, dans l'impossibilité de fabriquer lui-même des embryons. Mais j'ai lu récemment des articles abordant un problème que je n'avais pas envisagé. En donnant à ces embryons la possibilité de devenir anonymement des enfants élevés par un autre couple, on crée une situation insolite : des enfants auront des vrais frères et soeurs sans le savoir car le don d'embryon est anonyme en France. Si nous donnons des embryons à un couple, notre fils pourra un jour avoir des frères et soeurs sans en avoir connaissance... et courra donc le risque (faible mais tout de même) de se retrouver en situation d'inceste sans le savoir.
Je trouve ça particulièrement préoccupant et angoissant. Suffisamment pour m'avoir fait revoir ma position...
Mais je ne me sens pas prête pour autant à envisager la destruction des embryons.
Je ne suis pas spécialement attachée aux embryons sur un plan sentimental... Certes ils possèdent nos gênes, ils ont été fabriqués avec nos chromosomes à Louis et moi, mais ce ne sont que quelques cellules, c'est encore trop tôt. En revanche, je suis émue par le fait qu'ils pourraient devenir un jour nos enfants, je suis attachée à l'espoir qu'ils symbolisent pour nous d'avoir un enfant.
Et je suis aussi totalement ébahie par la prouesse technique qu'ils représentent. Je reste stupéfaite que mon fils, qui a maintenant 21 mois, ait passé 5 mois congelé au stade d'embryon de 2 jours, je trouve cela fascinant.
Quand nous avons décidé de faire un TEC en février 2006 pour avoir un 2ème enfant, il s'agissait d'un embryon conçu lors de la même FIV-ICSI que notre fils, en octobre 2003. Lorsque j'ai eu le résultat du test de grossesse (BHcG positif) suite à ce TEC, je n'ai pu m'empêcher d'être troublée par le fait que ce petit embryon qui s'accrochait (2 ans jour pour jour après celui qui avait donné naissance à notre fils) avait été conçu en même temps que lui... J'ai finalement fait une fausse-couche précoce suite à ce TEC, donc si notre fils a un frère ou une soeur, il ne sera pas issu de la même FIV-ICSI.
S'il nous reste un jour des embryons, sans doute les donnerons-nous pour la recherche médicale... C'est un juste retour des choses, quand on sait que c'est la médecine qui nous a offert la chance de concevoir un enfant ensemble.
Mais si ça se produit un jour, je resterai probablement troublée par ce sentiment étrange d'avoir "donné la vie" à ces petits embryons à qui l'on ne donnera jamais la chance de devenir nos enfants... alors qu'on l'aura donnée à d'autres.
Source : www.serono.fr
Bonjour,
Je suis devant le même dilemme que toi mais en 2010. Je suis enceinte de 36 semaines grâce à une FIV et je me demande quoi faire avec les quatre embryons qui restent au labo.
Je voudrais pouvoir donner ces embryons à un autre couple mais sans un anonymat total car comme toi, ça me terrorise de ne pas savoir où seront ces enfants qui risquent de croiser les miens. Ou alors les conserver pendant 10-15 ans avant de les donner pour qu'ils n'appartiennent pas à la même génération ?
Rédigé par : Julie | 27/10/2010 à 09:41